le bruit de la télé. encore et toujours, à longueur de journée, jusqu'à ce que tu te demandes si un jour, oui ou merde, ça va finir par s'arrêter. alors t'attrapes la télécommande, t'éteins et tu soupires d'aise. pas que t'aimes le silence, non. mais là, ça fait vraiment trop du bien. t'attrapes ton iPod et, histoire de pas te sentir trop seule dans ta péniche, tu mets d'la musique. ed sheeran. un truc calme qui au moins, va pas te niquer les tympans. allongée sur ton canapé, clope dans la main droite, portable dans la main gauche, tu te demandes comment t'en es arrivée là. comment t'en es arrivée à lâcher tes études de droit, ignorer ta famille entière et commencer à foutre ta vie en l'air. la porte d'entrée claque et c'est à ce moment-là que la réponse te vient, te signifiant que oui, t'es vraiment conne... tu fais ça parce que tu te sens bien et que ça te plait. il ne te reste que ça, de toute manière : vivre. grace, c'est toi, bébé ?

t'observes grace, qui va surement se jeter sur le canapé dans quelques secondes. elle est belle, ta grace. elle a ce petit air rebelle pendu sur les lèvres quoi qu'elle fasse et ce joli sourire qui les éclaire quand vous riez, toutes les deux. et comme tu la connais trop bien, elle se jette effectivement sur le canapé. ça t'arrache un petit rire. alors, tu te pousses pour lui laisser une place - gros cul un jour, gros cul toujours -, tu éteins la musique et prends des chips, posés sur la table basse. tu prends une dernière bouffée de clope puis l'écrase dans le cendrier. tu regardes la meuf en face de toi. t'as l'impression de la connaitre depuis toujours, en fait. alors, y'avait des beaux gosses qui se sont présentés au magasin ? ah, les mecs ! ils vous achèveront, c'est sur.

aaaah, grace. tu sais bien que tu ne pourras jamais lui en vouloir, à cette fille. que tu pourras jamais lui faire la gueule avec conviction. tu l'aimes trop pour ça. d'toute façon, sans elle, tu serais dans la merde. tu serais une merde. sans elle, t'aurais surement pas osé quitter la villa niesen, t'aurais surement pas osé sortir aussi souvent. tu lui dois tellement que quand elle te chope tes chips, tu dis rien. si y'a des bg, j'rapplique de suite. sois honnête avec toi-même, au moins, klara, sur cette terre, y'a qu'un seul mec qui t'intéresse vraiment. bah, t'sais, pas grand chose. j'ai dansé, un peu. beaucoup, même. puis, ma mère a appelé et ça a duré plutôt longtemps. c'était bien chiant, d'ailleurs. elle se fout d'ta gueule, tu le sais. mais tu t'en fous, parce que c'est grace.

tu la regardes en haussant un sourcil. tu prends un air sérieux, un truc qui fait terriblement niesen. tu la regardes sans bouger, tu vois pendant une demi-seconde l'incompréhension prendre place sur le joli visage de ta colloc. et puis, finalement, t'éclates de rire. comme toujours. j'passerais au magasin, promis. mais tu m'connais, j'suis pas du genre à travailler. enfin, pas l'jour. elle te parle. de ta famille. comme si elle la connaissait. tu sautes volontairement le sujet, t'as bien trop parler des niesen pour les dix jours à venir. et bien sûr que oui, pour la pizza ! faut que je me pointe au taff un peu plus tôt que prévu, par contre... tu lui fais des yeux de chat botté à ton tour et, sans prévenir, chopes la dernière chips dans sa main.

tu croques dans la chips, les miettes tombent sur le canapé. d’un geste de la main, tu les fais tomber sur le sol. tu passeras l’aspirateur plus tard. demain, peut-être. ou ce soir, si t’as pas trop la flemme. tu vois grace mettre de la musique. woodkid, encore et toujours. tu dodelines de la tête au rythme de la musique, comme tu sais si bien le faire. elle commence à danser, tu te laisses entraîner. c’est ton domaine, après tout, la danse. puis ta pote gueule, t’es même pas surprise. t’es avec grace, tout est possibles. elle te saute sur le dos, tu ris. comment pourrais-je dire non ? lui réponds-tu en souriant. elle allume la télé et tu te charges de mettre le disque en marche. c’est votre moment à vous, c’est ce que tu préfères dans la journée, à dire vrai.

tu la vois danser. ça t'fait rire de la contempler ainsi. elle parait tellement innocente, ta grace, quand elle danse, pieds nus, sur votre péniche à vous. mais elle ne l'est pas, elle l'est encore moins que toi, c'est pour dire. elle file comme une fusée dans sa chambre pour faire tu-ne-sais-quoi. tu sirotes son ice-tee. elle, elle doit surement se changer alors toi, t'écoutes la musique, tu la décortiques. puis tu t'attaches les cheveux, fais valser tes tennis dans un coin de la pièce et tu te mets à danser. parce que que quand tu danses, y'a plus rien d'autre qui existe. ta tête bouge à droite, puis à gauche. et à droite. et à gauche. tu pars dans des mouvements que tu improvises un peu. mais l'improvisation, c'est pas grave, pas vrai ? c'est de là que tout démarre, au fond. tout bon spectacle est parti d'une impulsion, d'une envie. d'un machin tout con. t'entends ta pote qui revient alors tu sors les manettes, arrêtes ta petite danse et tu l'attends. tu respires le bonheur. c'est joli à voir. fais gaffe, bébé, je fais des études de danse, moi. j'vais te défoncer ! tu démarres just dance et tu t'assois au sol, les jambes croisées.

tu lui réponds que ouais, t'as bu son verre. tu la vois te sauter dessus et crier. tu l'observes pousser la table basse et choisir une chanson avec un entrain incroyable. une boule d'énergie que c'est, ta grace. une vraie pile électrique. tu commences à danser et tu vois que tu la mènes haut la main. tu l'aimes tellement que tu veux lui faire plaisir alors tu glisses quelques erreurs. par-ci et par-là. ça suffit amplement pour qu'elle gagne la partie. t'as cru qu'elle serait partie faire un strip-tease mais non, elle est juste sortie dehors pour hurler son bonheur. tu souris. mon tour de choisir, chérie. tu ne peux pas arrêter sur une défaite. tu choisis rich girl, t'aimes pas spécialement mais t'as envie d'essayer. putain, ça va tourner danse sexy, que tu penses quand vous la faites. tu te donnes à fond et tu gagnes, bien évidement. battue... souffles-tu, un brin moqueuse. tu rajustes tes cheveux et t'assois. t'es pas belle avec des auréoles, klara.

tu la vois qui se fout en soutif. tu ricanes. elle est bien foutue, ta grace. tu te demandes comment ça se passe, elle niveau cœur. faudra que tu le lui demandes, tiens. mais pas maintenant. plus tard. après just dance. son portable sonne alors elle se lève et va répondre. et elle remet son tee-shirt au passage. t’essayes pas d’écouter, si elle veut en parler et te le dire, elle le fera. t’as pas besoin de jouer aux espionnes. alors vu que t’es toute seule dans le salon de la péniche, tu vas chercher une grande bouteille d’ice-tee. et tu prends un paquet de pringles, aussi. les pringles, c’est juste toute ta vie. c’est ta raison de vivre et ta principale nourriture. grace revient, toi t’es avachie sur le canapé, avec seulement ton soutif et ton bandeau noir par-dessus. t’as chaud, il faut avouer. c’était son frère, qu’elle te dit. ah la famille chiante, je connais. tout va bien, en france ? toi aussi, ils te font chier tes vieux, et ta sœur n’en parlons pas. tu connais bien cette situation-là, vilaine klara.

grace, elle te dit que tout va bien mais toi, toi tu vois bien que ça va pas. tu vois bien que quelque chose la perturbe et la chagrine. tu le lis dans son regard, tu le perçois dans ses gestes. puis, ses paroles respirent le mensonge. et si elle te ment, ta grace, c'est parce que un truc ne lui plait pas. elle te mentirait pas pour te dire autre chose. mais sa famille, c'est un sujet sensible. alors tu dis rien, tu lui prends juste sa clope des doigts, en prends une bouffée, lui rends et toussotes. bon. bébe. on la commende cette pizza ? tu lui souris, lui fais un petit bisou sur la joue. changeons de sujet, grace et klara, c'est que d'la joie, normalement.

ta grace a retrouvé le sourire. ce qui est bien, c’est que de par ce fait, toi aussi, t’as retrouvé le sourire. grace sourit, tu souris. grace fait la gueule, tu fais la gueule. grace dort, tu vas la réveiller parce que t’as pas sommeil. oh, c’est vrai, votre petite vie sur la péniche est vraiment tranquille. tu l’aimes, ta vie avec grace. tu l’adores et tu ne pourrais pas t’en passer. tout comme tu ne pourrais pas te passer de ta grace. tu lui tends le téléphone. tu me prends une royale, tu l’sais bien, bébé. même que tu sais qu’elle va prendre une jambon fromage, parce que tu la connais trèèèès bien. quand elle te fait un câlin, tu laisses ta tête appuyée sur son épaules, tes longs cheveux noirs lui chatouillant l’épaule. elle te fait des yeux doux, répétant la proposition qu’elle t’avait fait tout à l’heure. la tricheuse, elle sait bien que tu ne peux pas y résister, à ce mignon regard. bien sur que oui, à qui cela ne conviendrait pas ? aux conards que vous fréquentez, par exemple. mais toi, tu peux faire l’impasse sur l’alcool, si t’avec avec gracounette.

la sonnette sonne. c'est logique, de toute façon, une sonnette, ça ne peut que sonner. ou alors, ça peut se la fermer. tu balances ta tête doucement, faut vraiment que t'arrêtes de réfléchir à des trucs pareils. grace se lève pour aller ouvrir et c'est à ce moment que tu t'aperçois qu'elle est encore en petite culotte quand elle parle au livreur. dès qu'elle ferme la porte, tu retiens un fou rire. t'es vraiment allée ouvrir dans cette tenue, mon dieu ? elle apporte la pizza, tu prends la tienne, la sens et un sourire parcourt tes lèvres. la pizza, c'est juste ta vie. t'allumes la télé, éteins la console, attrapes la télécommande et commences à zapper. nul, nul, nul, déjà-vu, ohmondieuteenwolf mais on l'a vu cet épisode, nul, nul, ah ! y'a ça ! tu mets un truc de merde, du style tellement vrai. t'aimes juste trop de foutre de la gueule de ces gens. méchante klara.

elle te parle, tu ricanes. bien sûr que non qu’il n’a pas dû être gêner. ta grace à toi, elle les fait tomber comme des mouches, les mecs. alors non, il n’a pas dû être mécontent ! c’est sûr ! ah, la fan de teen wolf qu’elle incarne revient, tu ne dis rien, car toi aussi tu voues un culte à cette série. en particulier à stiles, c’est ton mari. avant, c’était jackson mais vu qu’il est parti après la saison deux, t’as appris à faire sans lui. c’est dommage, il était foutrement sexy. c’est le premier épisode de la première saison, meuf, on connait déjà tout ! et oui, ils respirent le sexy à vingt mètres, j’suis entièrement d’accord… tu prends une part de ta pizza, t’en mettant partout sur le visage. klara, c’est officiel, tu sais vraiment pas manger.