ça fais à peine 48 heures que t'es arrivée à amsterdam et t'as déjà découvert une petite partie de la ville. la rencontre avec ton frère s'est finalement bien déroulée, il t'as même offert de venir dormir chez lui pour ta première nuit. tu lui as promis que t'allais trouver un endroit, pour ne pas l'embêter. mais il n'a pas insisté, donc t'en profites durant que c'est gratuit. quand tu t'es levé ce matin, enfin cet après-midi car il était 14 heures, leho n'était pas chez lui. il ne t'as pas laissé une mot, pas même un petit message sur le frigo. t'aurais bien voulu le rejoindre sur son portable, mais t'en as pas. t'as pas de fric, t'as tout dépensé dans un billet d'avion et t'es à sec maintenant. démunie, seule, abandonnée, puis retrouvée. le frigo est vide, vide d'aliment que tu ne pourrais pas bouffer. t'es végétarienne, ça te dégoûtes de voir de la viande dans les frigos. alors tu le refermes pour aller prendre une douche, manger ce seras pour plus tard. ou pas, tant pis si tu crèves de faim. pour l'instant tu dois te laver, tu dois enlever ce sale maquillage de la veille qui te ruine la vue. tes pensée dérivent par-ci et par-là, sous l'eau chaude qui te fais tellement du bien. tu te souviens pas la dernière fois que t'as profité autant d'une douche, que t'as vu un miroir s'embuer à cause de la chaleur. si leho était là, il te gueulerait probablement dessus. mais ce n'est pas le cas, alors tu t'en fiches. t'es profites, t'es pas chez toi, t'es seule et heureuse. heureuse d'avoir fuis ton petit malheur en france. un bruit lourd, sauvage, et impatient retiens ton attention alors que tu sors tout juste de la salle de bains. serviette enroulée autour de ton corps frissonnant, t'approches de la porte, les poings serrés, prêt à cogner. t'as pas peur, mais t'aurais bien aimé avoir un petit œil magique pour voir qui c'est. tant pis, pas de chance que tu connaisse la personne derrière cette satanée porte qui va bientôt se défoncer si t'ouvres pas. « la patience ça existe putain apprend à t'en servir ! » dis-tu en ouvrant la porte sur une jeune fille blonde, les yeux aussi bleus que ceux de ton frère. durant un moment, tu ne rajoutes rien, la détaillant du regard. de haut en bas, puis de bas en haut. qui c'est ? sa petite copine ? son ex copine ? sa cousine ? notre cousine ? tu l'ignores, mais tu l'invites quand même à entrer. « j'te préviens leho n'est pas là, mais tu peux l'attendre il ne devrait pas tarder. » puis tu t'écartes, pour lui laisser le passage. t'ignores si tes paroles sont vraies, mais tu ne savais pas quoi dire d'autre. t'es pas timide sous ta serviette, t'es à l'aise. comme si c'était ta maison, ton trou à rats.

tu l'écoutes parler, sans trop savoir quoi dire à ses paroles. de un, t'es pas d'accord. le temps tu ne le comptes pas, t'as jamais accordé d'importance à ce petit détail parce que la vie, tu la vie au jour le jour. advienne que pourras, t'es prête à mourir du jour au lendemain de toute façon. de deux, le « quand tu grandiras » a mal sonné à tes oreilles, comme si elle se pensait tellement plus vieille, et importante. t'en fais pas tout un tas, tu te contentes de la regarder s'installer comme si elle était une habituée des lieux. encore une fois, tu cherches pas à comprendre. tu cherches pas à répliquer suite à sa remarque sur ton manque de politesse. tu considères que la laisser entrer était déjà pas mal. en fait, t'aimerais bien pouvoir aller t'habiller, mais elle te retient. elle te retient avec des questions, avec ses yeux rivés sur toi comme un animal de cirque. tu te donnes en spectacle sous ta serviette, certes, n'importe qui se ferait des idées à te voir comme ça. tu pourrais être une pute, la sexfriend de leho. et elle, elle pourrait être qui avec son sac? cette associé dont il t'a déjà parlé ? tu n'oses pas opter pour cette idée, parce que tu t'es fais une toute autre image d'elle. pas dans son style, pas sous son visage d'ange. « j'suis sa sœur, ellie si t'aimes mieux ! » dis-tu en croisant les bras contre ta poitrine, frigorifié. tu jettes un coup d’œil nerveux à la porte qui ne s'ouvre pas. t'as hâte que leho arrive pour pouvoir continuer à vivre. pour pouvoir aller manger, t'habiller. tout sauf t'occuper de ses affaires. « et toi, t'es qui ? » finis-tu par rajouter avant qu'elle dise quoi que ce soit. t'es drôlement pas d'humeur, pour une fille qui l'était il y a cinq minutes. t'es pas douée pour les premières rencontres. surtout quand la fille devant toi pourrait partager le même lit que ton frère. ton frère, le seul que tu as su aimer. le seul que tu n'as jamais pensé pouvoir partager.

tu la suis du regard, comme si tu pouvais réussir à percer le mystère de sa petite personne. t'es pas capable de lire dans la tête des gens ellie, et tu passes trop de temps à les juger. tu passes trop de temps à vouloir connaitre tout le monde mais personne à la fois. t'en a rien à faire de qui ton frère fréquente, tu te fiches de la raison de sa venue. alors pourquoi tu la regardes comme si elle était à vendre ? c'est donc sur cette pensée que tu finis par regarder ailleurs et lui tourner le dos pour rejoindre la cuisine. ça te mets en pétard qu'elle ne se présente pas, ça te rend nerveuse parce que t'es curieuse, trop curieuse. t'as même pas pris la peine de répondre à ses paroles parce que t'es pas enchantée. voilà pourquoi. là maintenant tout ce que tu veux c'est arrêter de grelotter et savoir son nom. après ça tu seras peut-être enchantée, peut-être. telle une personne accueillante et polie, tu lui débouches une bière que tu déposes sur le comptoir avant de la quitter pour te vêtir. tes vêtements ne sont toujours pas sortis de ton sac qui traîne au pied du lit. tu prend pas le temps de choisir ce que tu mets, mettant la main sur le premier bout de tissus que tu puisses trouver. et puis tu reviens au mystère, habillée d'une robe noir qui t'arrives au dessus des genoux. « j'risque de me faire tuer si leho débarque d'une minute à l'autre ou t'as l'habitude de venir ici ? » demandes-tu en posant tes fesses sur le comptoir en esperant avoir enfin une réponse, ou au moins un nom.