la musique résonne en toi comme un bruit sourd. électrisante, frappante, elle bouscule tes sens. et puis il y a ces corps mouvants et ces âmes brisées à la recherche d'ivresse, il y a ces visages déchirés et ces regards perdus. l'épaisse fumée qui sort de ton joint embaume la salle de son doux parfum. le son se fait de plus en plus fort au rythme des corps qui s'entrechoquent. tu restes assis avec ta bande de voyous et t'observes. tu sens que tu commences à vouloir te libérer, ton corps remue, et toi aussi tu voudrais aller danser, fermer les yeux et ne plus sentir que les basses en toi. et là tu la vois rentrer, comme une flamme dans la nuit noire, brûlante.

et dans la foule elle danse, son corps ondule tel une vipère. elle te fixe, tu plantes tes yeux dans les siens, et dans son regard, tu vois l'enfer. les flammes et la braise. elle s'approche, sortant de sa transe effrénée. elle connaît l'un d'entre vous, il passe son bras autour de ses épaules, mais elle refuse qu'il la touche plus. regard cajoleur, les yeux du diable. de bas en haut, de haut en bas, tu essaies d'identifier chaque parcelle de son corps. et tu prends une gorgée, une autre cigarette, une gorgée encore. et tu sens l'ivresse couler dans tes veines, sa chaleur te fait du bien. alors tu la regarde droit dans les yeux, avec un air de défi, et tu t'envoles vers la piste de danse, en continuant à la fixer.

✖

elle te suit, se faufile habilement dans la foule, suivant ton regard. vos yeux se mêlent, et c'est comme si vous aviez lancé un jeu. tu commences à bouger la tête en continuant à la regarder, et sur tes lèvres t'as un sourire malsain, tu le sens, il t'habite. la musique se fait de plus en plus violente, et vous rentrez dans une sorte de transe, comme possédés par le diable. tu finis le verre que tu tiens entre tes mains et t'approches doucement d'elle. tu peux sentir la vibration des basses, et la chaleur de son corps venir tout contre toi. maintenant, vous êtes si prêts l'un de l'autre.

si prêts que tu pouvais presque sentir son coeur battre contre le tien. sur le tempo de la musique, vous bougez à l'unisson, vous rapprochant de plus en plus. maintenant, c'est dans un corps à corps rythmé que vous vous lancez, vos pieds mènent la danse, vos yeux se fondent l'un dans l'autre. vous étiez plusieurs dans la salle, et en cet instant, vous n'êtes plus que deux. tu la regardes avec un air de défi, tu approches tes lèvres des siennes, et t'arrête en chemin. puis tu recules et continues ta danse en tirant sur ta cigarette.

et là elle te prend ta cigarette des doigts, et la met dans les cheveux d'une des filles à côté. elle a du cran, tu rigoles doucement en levant un sourcil. comme pour te provoquer, elle s'approche de toi, passe son bras derrière ton cou, approche ses lèvres, frôlant les tiennes. tu sens son souffle léger. puis elle s'écarte, s'assoie au bar, en continuant de te regarder. tu souris en la suivant et lui glisses à l'oreille : tu veux jouer ?

et elle s'attable au bar, prenant possession d'une bouteille de vodka, maîtresse de l'ivresse. elle se dirige vers l'arrière de la pièce, vers la sortie de secours, alors tu regardes autour de toi, tu cherches ta bande des yeux, et tu la suis. quand tu sors, tu respires enfin l'air frais de cette nuit brûlante. elle est là, adossée contre un mur, comme si elle attendait quelqu'un. comme si elle t'attendait. tu sors un joint de ta poche et tu le portes à tes lèvres avant de l'allumer. puis tu t'allonges par terre, sur ce toit du monde, t'y vois le plus beau des ciels étoilés. tu lances un soupir de satisfaction. hmmm.

l'innocente. elle n'avait donc jamais regardé les étoiles un soir de pleine lune. la beauté et le mystère de l'infini et ces astres qui brillent de mille feux. tu levai un sourcil en la regardant, et sur un ton sarcastique, tu lui réponds, et alors? les deux ne sont pas indissociables. ça fait partie du jeu. c'est le calme avant la tempête. en disant cela, tu sors de ta poche une petite boîte contenant ces petites pilules aux initiales magiques. L. S. D. tu en laisses fondre une sur ta langue avant de lui en proposer.

et elle se barre comme ça, sans un mot, avec cet air hautain que tu détestes. tu rigoles en tirant sur ta cigarette magique, et tu restes là encore une bonne dizaine de minutes, dans le silence le plus total. c'est quand tu sens que ta pilule commences à faire effet que tu te décides à te lever, la démarche incertaine, et tu croises ton regard dans la vitre; tes yeux sont rouges comme l'enfer. tu redescends au bar, l'ambiance est de plus en plus fiévreuse, tu vois les corps se coller les uns aux autres. puis elle est là, en train de discuter avec l'un des tiens. tu vas la voir, sourire aux lèvres. tu permets? je voudrais parler à mon pote. alors tu le prends par les épaules et allez vous asseoir à une table non loin, verre à la main.

sourire en coin, tu lui demandes s'il a un truc pour toi. tu le vois sortir de sa poche un petit sachet de poudre blanche, alors tu t'empresses de siffler une ligne, à l'abri des regards malsains. tu relèves la tête trop vite, elle tourne, mais tu t'en remets. tu t'en remets toujours. la fille est assise au bar, et y'a ces mecs qui la regardent, l'air affamé. alors t'attends qu'elle regarde en ta direction, et tu lui fais signe de venir. tu sais que ce genre de mecs seraient prêts à tout.

elle s'avance vers toi de sa démarche assurée, et alors tu vois tous ces vautours affamés la suivre des yeux. elle prend place en face de toi et te balance ces paroles à la gueule comme un poignard. toi, ça te fait rire, t'as ton sourire en coin, là, qui veut tout dire. tu t'approches, en gardant tes yeux plantés dans les siens; apparemment, je t'ai manqué aussi puisque tu es encore là. et tu lui lances un clin d’œil amusé. tu reprends une ligne, en lui en proposant une au passage, puis te lèves en direction des toilettes, en essayant de te tenir aux corps en mouvement pour ne pas tomber.

et là tu te retrouves dans un endroit étroit, délabré, à l'image du bar, glauque, presque malsain. sur les murs, le papier est déchiré, laissant apparaître de nombreux tags, effacés par le temps. les portes sont défoncées, usées, les éviers complètements abîmés. elle est là, dans cet espace exclusivement masculin, elle dépose sur sa bouche une marque de rouge à lèvres, jolie poupée blanche. tu t'approches d'elle à pas de loup, tête baissée, elle ne te voit pas arriver. tu te tiens derrière elle, tout prêt, si prêt qu'elle pourrait sentir ton souffle dans son cou, légère respiration atténuée par les effets de la nicotine. alors doucement, sans la brusquer, tu prends ses cheveux, que tu déposes avec soin sur son épaule droite, et tu embrasse sa nuque, puis son coup, tout en laissant courir tes doigts frêles sur ses bras nus.

c'est l'alcool qui te parle, c'est le poison qui coule dans tes veines qui te fait réagir ainsi. mais pas seulement. regarde comme ses formes t'attirent, et comme son visage est beau. elle a le corps d'une femme, et le visage d'une gamine, mais sa beauté est brûlante comme l'enfer. elle ne bouge pas, tu prends le contrôle. tu tiens sa tête entre tes mains comme une grenade, prête à exploser, alors tu l'embrasses, tendrement puis de plus en plus violemment, et tu sens un goût amer sur ses lèvres. tu t'écartes, tu regardes sa réaction.