nom, prénom : nora. dernier souvenir d'une vie passée, enfouis entre les dérives d'une mémoire enfantine. tu t'y accroches, à cette partie de toi, à la leur. celle qu'ils t'offrirent en gage d'éternité, avant de subitement te quitter. ils sont si loin, dans un monde parallèle, inaccessible. tu as beau tendre les bras, tenter le diable et t'élancer vers le reflet de cette existence révolue, tu sombres, encore et encore. cet éclat de soleil est l'unique lueur qui demeure en ces lieux obscurs dans lesquels tu nages, dangereusement. tous n'est que mystère, la pénombre ne te laisse jamais un seul répit, impossible de t'y acclimater, impossible d'en avoir peur. tu es coincée entre deux termes si divergents l'un de l'autre. tu souffles, tu peines à respirer, et alors, une lueur d'espoir s'échappe de cette poussière dorée à l'origine de quelques souffles enchanteresses. sur ces lèvres, se glisse ton prénom, celui qui t'offre un second souffle, un éclat de lueur éphémère qui t'offre quelques secondes supplémentaires à vivre. Et de cela, de cette parenthèse avide, surgit ton nom. il n'est pas le tien, il n'est qu'un mot constitué de quelques lettres. swaan. tout simplement. il ne te définit pas, il n'est rien qu'un attribut que l'on t'accorde pour t'enfermer en une famille qui n'est pas tienne. tu as beau te débattre, tu demeures prisonnière de cette nomination mensongère. la beauté d'une flamme fugitive s'évanouit. la pénombre s'impose à toi.
âge : dix-neuf années que tu luttes, que tu tentes de survivre dans ce monde qui n'est pas le tien. du moins, c'est ce que te déclares tes papiers. tu ne pourrais le savoir toi-même. tu ne songes qu'à respirer, seule préoccupation. si jamais tu laissais ton attention dériver, ta fin sonnerait. elle te guette, t'attend au coin d'une ruelle, prête à saisir ton âme entre ses filets. patiente, se dit-elle. personne ne peut lutter indéfiniment. pas même la démence elle-même. pas même, toi, pauvre petite fille qui s'incline face à son trépas. ce n'est qu'une question de temps, avant que tu ne baisses les bras. soudainement, tes années cesseront d'exister. et ton essence s'échappera entre des songes illusoires. tu n'as pas peur, c'est ce que tu te dis. dans l'espoir de justement le chasser, cet effroi destructeur. pourtant, tu continue d’étinceler dans la nuit noire. faible lueur qui s'éternise, malgré les règles intransigeantes de ce monde.
date, lieu de naissance : tu ne sais rien. ni d'où tu viens, ni quand. qui donc t'a laissé ainsi sur le rebord d'un trottoir, face à cet orphelinat hollandais. en un sens, tu n'es jamais née. ils ne t'ont abandonné qu'un prénom, un affligeant prénom qui s'accroche à toi, désespérément. qui sait, tu viens peut-être du pays des Beatles, ou pourquoi pas de la France. un brouillard t'entoure, toi et ta putain d'existence dénué du moindre sens. tu aimerais savoir, et ainsi, croire à une future histoire. mais, sans passé réellement concret, comment exister ? aux yeux de tous, tu es née en hollande. dans cette même ville dans laquelle tu erres depuis toujours, vagabonde enfant sans histoire. Amsterdam.
études, métier : tu as beau tenter de trouver ta place, d'offrir à ton cœur une quelconque vocation, tu es perdue. mais, cela n'est rien d'une nouvelle, au fond, tu ne trouvas jamais ta voix, la route adéquate à emprunter de ton poids incertain. tu es semblable à un fantôme. tu n'as jamais achevée tes études, à quoi bon, la mort est proche, pourquoi donc s'encombrer de connaissances qui s'achèveront en un même temps que ta futile existence de débauche. toi, tu te contentes de vivre au jour le jour, tu te bats chaque jour pour survivre. tu es seule, déjantée, isolée. et tu aimes ça. plus que tout. pourtant, tu te vois chaque matin te rendre dans un centre de mannequinat. tu es belle, tu en profites. bien que tu te demandes comment le monde te perçois, tu te contentes de saisir ta chance et de vivre. quoi de plus simple, l'engrenage machinal d'un travail, les déchaînements de ton appareil photo s'emparant de chaque instant. ta vie n'est que cela. une succession de photographie, sans réelle consistance. des mirages entre les afflictions de la terre. ni plus, ni moins.
statut : tu ne sais pas qui tu es, alors comment connaître ton statut ? toi, tu t'y fais, peu importe le lit, du moment que tu vis, que tu survis, t'es heureuse. du moins, ce que l'on pourrait surnommer du bonheur, tu ne connais pas la saveur de cette sensation, aussi, tu inventes. tu penses la dompter, tu cherches pas plus loin qu'une seule nuit, c'est ainsi. tu ne changeras jamais ce mode de vie, t'attacher à quiconque te fait bien trop peur, tout est si fragile en ce monde dépravé. tu préfères mourir, seule, que souffrir plus longtemps, par la faute de quelques écarts de conduite. tu t'y colles, tu te déclares en relation libre, et peu importe le sexe, peu importe l'identité, tu prends, tant que les sentiments se disent absents. tu n'es pas compliquée, tu es de ce genre de fille qui ne cherche pas plus, pas moins. de ce genre de fille qui plaît tant.

+ Tu n'aimes rien, tu ne détestes rien, tu n'es rien. c'est ainsi que tu te perçois, toi, la lionne silencieuse, celle qui se nourrit du silence, de l'amère bruit du mutisme. tu ne prononces jamais plus de quelques mots, tu sais te faire comprendre, de quelques regards envenimés, tout un peuple s'éloigne à toute vitesse, et toi, tu poursuis ta route, sans daigner les regarder. ton regard est vide, depuis toujours. tu es née pour souffrir, pour endurer les calvaires de l'ennui, pour te taire à jamais avant que ta fin ne te rejoigne. chaque jour, tu sors, tu observes l'animation quotidienne d'une ville qui n'est pas tienne. effervescence soudaine de citoyens qui rient et sourient, d'une façon que tu ne pourras jamais exploiter, à moins de jouer les naïves jeunes filles. tu n'es pas prête à les imiter, tu es bien l'une des rares à connaître la vraisemblance de ce monde, et à l'accepter. tu ne te voiles pas le visage de quelques illusions fortunés, tu te dresses face à la vérité et tu la défis. tu parais si calme d'un point de vue extérieur. si froide, si rêche, coquille abîmée, inexistant personnage. pourtant, au fond, tu fulmines. tu luttes contre ta souffrance et celle de l'univers lui-même. ton apparence subit parfois l'enfer imperturbable de ton esprit déraillé, pourtant, personne ne le voit. personne ne se retourne vers toi, pour te comprendre, pour te soutenir, pour t'aider à porter le poids de la réalité. tu es seule, si seule que tu en succombes chaque jour. une morte lente et douce, qui s'éternise à travers le temps. enfermée dans ton mutisme, dans cette bulle de douleur que toi seule explore, tu ne fais pas réellement partie du monde. tu es une âme divergente, brisée, qui plonge son regard droit dans celui de la faucheuse. tu te drogues, pour oublier. tu bois, pour noyer tes hurlements dans les abysses obscures. tu baises, pour tenter de te sentir vivante, le temps de quelques minutes. mais, cela ne change rien à la donne. tu es toujours aussi vide, toujours aussi triste. tu fuis toute personne t'offrant son aise, tu te reclus contre toi-même. tu les emmerdes tous, c'est ce que tu te dis, pour ne pas pleurer. pour étouffer cette voix malsaine qui te révèle à ta solitude tant recherchée. tu es une formidable actrice, lorsqu'il s'agit de mentir. il te suffit de te fondre dans leur jeu contre la réalité, de le suivre dans leur danse. tu t'y mêles, et tu ne deviens plus qu'un avec ton personnage. tu sais tous les séduire, par des faux sourires, des battements de cils trompeurs et ton charme indestructible. tu es cette fille, qui se déchaîne sur la piste de danse, sans dire un mot. tu es cette perle, qui laisse son regard parler pour elle. tu es ce démon qui s'abandonne à la machination, et qui n'hésites pas tous les dériver dans les bas fonds. tu ne songes jamais aux conséquences de tes actes, et lorsqu'ils s'imposent à toi, tu fuis. comme toujours. tu es cette âme qui espère constamment une vie meilleure, qui espère mourir et sombrer dans une existence plus saine, moins véritable. tu es nora, un éclat du soleil qui perce les nuages et qui vous éblouis de sa tristesse.

i refuse to close my eyes.
tu es perdue, délaissée à ta douleur, et tu nages, nages, dans un océan de fatalité. mais, dans le fond, tu te noie simplement. la nage, c'est pour ceux qui brillent d'une lucidité non feinte. toi, tu es détruite, le discernement n'est pas dans ton jeu. tu ne sais plus même si tu existes réellement, si ton âme est toujours présente et si cette vie de misère que tu mènes, n'es pas qu'une simple chimère de quelques songes impossibles. tu te demandes combien de temps, tu survivras ainsi. sous la surface de l'eau, tu hurles, mais personne ne t'entends. l'océan broie le moindre de tes mots, tandis qu'au loin, ton espoir s'évapores. pourtant, malgré ce souffle qui s'épuise, qui résonne fébrilement sous la lune, tu es toujours là. tu te bats, tu espères, tu danses entre les étoiles, et tu brûles, telle une chandelle rebelle, de ce même rythme s'insinuant dans l'oeuvre de Kerouak. une chandelle romaine, une chandelle rebelle, tu es tous ce qu'il représente. tu te démènes contre contre ta destinée. tu as beau laisser entendre que tu es bel et bien morte, tu es toujours là, tu crie, tu te débats, tu laisses tes poings pleuvoir sur tout ce qui se mouve sous ton regard embrumée. tu es une survivante de la grande guerre de toute une vie, une résistante qui lutte contre soi-même...  

souffrance. bonheur. démons. anges. paradis. enfer. vie. mort. toi. moi. c'est ce que tu te murmures, du haut de la rampe. en un souffle saccadé, se perdant dans le néant. des contraires qui s'assemblent, qui se marient sur tes lèvres. des similarités contradictoires. des vérités mensongères. toi, tu le sais, douce nora. exalté nora. tu le sais, rien n'est vrai. rien n'est vrai. la vie n'est rien. le temps n'est rien. les mots qui s'échappent de ta bouche. cette folie qui te consumes. des rêves entre des rêves. un monde pareil ne peut prétendre exister. un monde où les hurlements vrillent à tes tympans, sous la divine cruauté de ces assassins, de ces traîtres, de ces démons se faufilant dans la nuit noire. une telle obscurité ne peut être réelle. tout ceci, n'est qu'utopie. mirage. aberration. des mots qui s'assemblent, qui se correspondent. cet effroi qui tord ton ventre n'est que le fruit de ton excessive imagination. ce mal-être qui te ronge. ton esprit névrosée qui te hante. et cette lame qui glisse maladroitement sur ta peau balafrée. ce sang qui s'en écoule. la souffrance qui s'y ajoute. magnifiques chimères. recette somptueusement garni. au loin, tu les entends. ceux qui peuplent tes songes avec toi, sans savoir qu'ils ne sont uniquement des compositions de ceux-ci. des êtres crées de toute part. ton sang ruisselle sur le tapis. cet auguste tapis, accordant diverses couleurs. tu prends ta cigarette. tu la colles à tes lèvres. tu avales ta mort. la lame entre tes mains. les spirales perdurent sur ton avant bras. tu ne sais ce que tu y dessines. mais, en cet instant, face à l'amère douleur qu'elle te procure, tu te sens vivante. entière. la douleur te fait vivre. elle est la seule qui y parvient, la seule qui t'empêche de réellement disparaître. le monde aimerait, pourtant. que tu ne deviennes qu'un fantôme. tes parents t'ont abandonnés. ils ont su. qu'entre tes entrailles, se dissimulait un démon. ton démon intérieur. et cette famille adoptive ne pourra jamais le savoir. tu ne les vois que rarement. tu es majeure. et cela n'est qu'une visite de courtoisie afin de récupérer la totalité de tes affaires. une visite que tu achèves dans la salle de bain. entre les lames de ton extase. tu te relèves, sans abandonner ton mal. le miroir te rend un reflet. celui d'un fantôme. tu t'entrevois à peine. ton ventre gémit. tu soupires. cette douleur, tu y tiens. elle est ton arme, ta force. malgré tes côtes saillantes sous ta peau blafarde, malgré tes bras mutilés, tu peux déclarer, je suis en vie.  

heeeey jeunes padawans   alors je suis Balthazar, j'ai 67 ans et... ahaha, it's a joke les gars    vous pouvez m'appeler dieu, ce sera parfait   brefouille, on me surnomme aussi captain cookie ou cookie tout simplement. je préviens, je suis une folle qui sors tes vannes absolument nulles toutes les trente secondes, vous vous y ferez   je vous nem déjà, tous autant que vous êtes   

Code:

kaya scodelario → nora swaan

crédits : tumblr.