t'as fière allure. tu marches d'un pas soutenu en direction d'un quelconque coffee shop, louvoyant entre les étudiants arrachés, les gars paumés et les quasi morts-nés. dans laquelle de ces trois catégories t'étais toi, dis-moi ? peu être un peu dans toutes, après tout. déterminé à vendre deux-trois faux paras de md à quelques connards bien crédules, tu remarquas justement une petite bande devant un bar miteux. alors tu t'avances vers eux, commences à faire ton petit numéro. les désintéressées rentrèrent à l'intérieur, les trois autres écoutaient t'écoutaient attentivement d'un air alléché. soixante euros le para t'es fou toi, lâcha l'un. c'est ça ou rien mec, crois-moi, y a personne qui vend d'la md dans le coin, tu s'ras obligé d'aller à l'autre bout d'la ville, que tu rétorques. mensonge, mais les affaires sont les affaires, et les gars n'avaient pas l'air du coin. soixante euros un para de cristaux de sel, risible tellement c'était facile, mais ça marchait alors tu t'en plaignais pas. les gars cédèrent difficilement les thunes, et tu les leur arrachas presque des mains. ils repartirent, tu sortis alors ton paquet de tabac histoire de t'en rouler une pour le chemin du retour, quand tes yeux se posèrent sur un gars, là, assis sur un banc, te faisant face, à moitié dans la pénombre. t'allais lui proposer un para à lui aussi, quand on t'attrapa par le col, et tu te mangeas un méga poing dans le nez. on m'encule pas comme ça moi ! t'avais à peine eu le temps de rouler une clope qu'ils avaient déjà pris leurs paras et s'étaient rendus compte de la supercherie, les gloutons. bref, tu le pousses violemment, mais les deux autres t'immobilises, le troisième frappe, visant plutôt le ventre cette fois-ci, et toi t'encaisses, pitoyable. mais t'étais seul, ils étaient trois, et bientôt tout le bar se ramènerait parce que quand y avait du mec à tabasser, pourquoi se priver hein ? tu fous un coup de pieds dans les côtes du gars, réussis à te défaire des deux autres pour en choper un et le plaquer au sol, histoire de le marteler de quelques coups.

ton adversaire rétorque, il te donne une droite bien placée, bonjour l'oeil au beurre. ta mâchoire se crispe, et là tu peux pas t'empêcher de le lui rendre, et tu frappes, frappes, frappes, et t'aurais pu le tuer, si un n'était pas intervenu. la voilà la rage de vivre, la rage de tout. t'aurais pu te barrer en courant tant qu'il en était encore temps, mais t'avais préféré avoir ta petite dose d'adrénaline avant d'aller te coucher, à défaut de pouvoir baiser une pouffiasse ce soir. t'avais beau avoir dix-sept ans, t'avais des ressources. t'avais remarqué une quatrième présence, et bizarrement le boulot était bien moins pénible depuis. putain mais t'es qui toi ? que tu marmonnas presque trop fort, avant de le reconnaître. tu te ravises, intrigué, suintant et essoufflé, tu le regardes. le dernier te fonce dessus, tu lui administres un coup de pieds dans les côte, merci les rares cours de kick boxing. il tombe à terre, se prenant les pieds dans les restes de ses potes, et comme pour l'humilier encore plus, tu lui craches à la gueule, désinvolte.

toi, personne ne t'attendait à la maison, on avait arrêter de t'attendre, de te donner des secondes chances. toi t'as pas d'jolie gosse qui t'attend à la maison, mais c'est vrai qu'elles aimaient ça les filles, les mauvais garçons. c'était même bien les seules. le brun te retourne la question, tu hausses les épaules. un escroc que t'avoues trop normalement, alors que tu ne l'avais jamais réellement reconnu devant les autres. un escroc, un voleur, un enfoiré, un merdeux, tant de noms communs qui t'allaient si bien. c'est fou mais quand on t'appelait comme ça, tu tournais presque la tête instinctivement, comme si tu te reconnaissais, en quelque sorte. tu avoues, parce que t'as envie de lui faire confiance. pourtant tu l'connais pas ce mec, et pire, il a l'air aussi paumé que toi. alors il t'entraîne, t'emmène un peu plus loin, et toi tu te laisses faire, bougeant douloureusement les doigts de ta main droite, celle qui a servi à cogner. vous vous arrêtez, et tu le fixes, remarquant ses beaux yeux, ses yeux étranges.