qu'est-ce que tu fous là ? c'est vingt-et-une heure passé, à cette heure-là, t'es censé dealer. mais non, t'es chez les bourgeois, chez les carteen, avec tes parents hypocrites à deux balles. tu les détestes, tu les regardes comme si t'allais les tuer. ils valent rien à tes yeux, rien du tout. ton père te lance un regard noir, alors tu hausses un sourcil, t'en as pas peur, bien au contraire. tu détailles les parents d'aurora, assis face à toi. et elle, aurora, elle est assise à côté de toi. elle est jolie, douce et fragile, ton opposé. tu l'as pas regardé une fois, t'as pas prêté une seule seconde attention à elle. carteen et koenraad parlent, mais toi, t'écoutes pas. toi, tu te lèves d'un coup, tu regardes la tablée. pour fumer c'est dehors j'imagine ? papa carteen te répond positivement alors tu presses le pas dehors. tu veux vite sortir de cette grande pièce, tu suffoques ici, tu respires mal. une fois que t'es dehors, t'allumes vite ta clope. putain ouais, tu revis. t'aspires la fumée comme si ta vie en dépendait. qu'est-ce que tu fous ici, silas ?

tu regardais ton assiette alors que tu n'avais même pas le courage de prendre un bouché. tu ne te sentais pas très à l'aise, dans cette maison qui était tienne jusqu'à tout récemment. peut-être était-ce dû au fait que tes parents recevaient des invités, les koenraad. quoi qu'il en soit, tu n'avais pas vraiment parlée de la soirée, sauf pour répondre à ta mère d'un oui ou d'un non. t'avais pas du tout envie de rester là plus longtemps, mais pourtant, tu devais attendre jusqu'à la fin du repas pour retourner dans ton "nouveau chez toi". et puis là-bas tu te doutais bien que ce ne serait guère mieux. tu soupires alors et tu sais que tes parents n'aiment pas vraiment ça. même pas besoin d'un coup d'oeil. c'est toujours comme ça. tu ne dois pas faire ceci ni faire cela. pourtant, à la place de t'excuser tu tournes la tête vers cet homme, qui n'a même pas osé t'adresser un regard pendant le repas. puis il sort et t'es là, encore plus mal à l'aise devant tes parents et les siens. je vais sortir prendre l'air. tu sais pas vraiment pourquoi t'as dit ça, mais tu te lèves tout de même pour finalement sortir. tu n'as pas de mal à l'apercevoir, clope à la bouche. tu t'avances donc vers lui, un peu incertaine. t'aimerais peut-être qu'on parte ? parce que franchement, il n'avait pas l'air plus à l'aise que toi.

t'entends ton père s'excuser de ton attitude. il a honte de toi, comme toujours, mais tu t'en fous pas mal, tu veux pas lui plaire à ton père, au contraire. s'il pouvait te renier, ça t'irait presque. t'expires la fumée, tu la regardes danser devant toi, s'envoler, disparaître. si seulement tu le pouvais toi aussi, disparaître de cet endroit. tu préfères te retrouver dans red light district que dans damsquare. pourtant, t'es né ici. tu fermes les yeux deux secondes, t'appuies ta tête contre le mur sur lequel t'es adossé, tu profites du silence. jusqu'à ce qu'une voix douce qui te fait pourtant sursauté te ramène à la réalité. tu la regardes pour la première fois de la soirée, aurora, t'as ce regard dur et froid qui se pose sur elle, pourtant, elle t'a rien fait, elle y est pour rien. j'aimerais, ouais. et tu regardes le ciel. elle te propose une chance de te tirer d'ici et toi, tu fais l'asocial. c'est pas le moment. mais faudrait pas que papa et maman s'inquiètent. t'as pas spécialement envie d'être désagréable, mais t'arrives pas à être totalement agréable non plus. c'est pas que tu l'aimes pas, mais c'est bien avec elle que tu devras te marier, et ça te dégoûte.

tu sens peu à peu son regard se poser sur toi. peut-être qu'au fond, tu préfèrerais qu'il ne te regarde pas, si c'était pour te dévisager comme ça. il avait cet air, un peu comme si tu avais dit quelque chose d'inapproprié. puis t'avais fait un pas vers l'arrière. comme si tu avais peur ou quelque chose dans le genre. tu regrettais presque d'être sorti, pour lui proposer de vous tirer vite fait. ça te dérangeait un peu, à vrai dire, qu'il soit aussi froid avec toi. mais tu prends une grande respiration avant de lui dire : écoute, si tu préfères rentrer après t'avoir tué les poumons, ça ne me dérange pas. puis tu croises les bras avant d'ajouter : mais je te propose d'expliquer à mes parents qu'on doit partir. c'était donc maintenant à lui de décider, plus à toi. de toute manière, toi, tu pouvais supporter tes parents parler encore quelques heures. mais en était-il de même pour lui ? tu n'en savais rien, mais quelque chose te disait que non. par sa façon d'agir, de vouloir quitter tous ses propos désagréables. mais non, t'étais pas dans sa tête, donc oui, tu souhaitais qu'il te le dise clairement. et plus gentiment aussi. même si cela, tu savais que c'était beaucoup lui demander.

t'as déjà terminé ta cigarette. en ce moment, tu les fumes trop vite, tu les sens pas passer. t'as trop de problèmes en ce moment faut croire. pourtant, t'as juste des problèmes de cœur. t'es pas habitué à l'amour qui fait mal. tu penses à dylan là, à dylan et à aurora en même temps, c'est tellement compliqué pour toi. tu ris à la première phrase d'aurora. si seulement elle savait, la brune, que c'est pas les cigarettes qui te font le plus mal. si seulement elle savait que t'as pour habitude de consommer bien pire qu'une pauvre cigarette, elle dirait pas ça de tes poumons, elle parlerait plutôt de ton cerveau. tu te mets à réfléchir deux secondes sur ce qu'elle vient de te dire et tu hoches la tête. ouais, j'veux qu'on parte d'ici. tu peux pas rester dans cet endroit une seconde de plus. c'est pas ton monde, pas ta vie. alors tu te pousses du mur et tu lui souris, doucement, ça se voit presque pas, mais tu le fais, tu fais un effort surhumain. mais va falloir trouver une bonne excuse j'pense. tu sais que ton père va faire les gros yeux. mais il sera déjà plus content que tu partes d'ici avec aurora qu'avec dylan. alors ça devrait passer au final.