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SOIRÉE GESAFFELSTEIN

laudanum, départ 20h, happy hour.

gueule d'ange, costume, clope au bec, table de mixage. gesaffelstein, tu connais pas ? alors t'as l'occasion de le découvrir, ce soir, au laudanum. compositeur de musique électro tout droit venu de france, c'est amsterdam qu'il a choisi pour faire sa promo, il veut conquérir le cœur des néerlandais. dans l'ambiance néon, t'as plus qu'à venir te déhancher, profiter. bar et coffee shop, tout est prêt.

infos

→ entrée gratuite pour les filles, 5€ pour les garçons.
→ 1€ le shoot, 2€ la bière, 1 joint acheté = 1 cocktail offert
→ dress code : dandy chic

les chiens, ils font payés l'entrée pour les mecs. c'pas que tu manques d'argent mais tu piges pas trop le principe en fait. tu lèves les yeux au ciel et sort le billet de ta poche. tampon sur la main, bracelet vert fluo autour du poignet. tu pénètres dans le bar, t'aimes déjà l'ambiance. en tant que dj, tu connais bien l'artiste de ce soir et t'adores son job. des chef-d’œuvres. tu commandes une pression et t'éloignes un peu du bar. la soirée n'a pas commencée qu'il y a déjà pas mal de monde.

pour une fois, t'es arrivé pas trop tard, pour rien louper de l'évènement, et surtout, du dj set de Gesaffelstein, le prince de la techno. il est même pas vingt heures, toi ta bande de voyous êtes déjà défoncés, et pourtant t'avais promis que t'allais te calmer, mais y'a eu cette douce odeur de weed qui est venue chatouiller tes narines, alors t'as pas pu résister. vous entrez dans le club, bracelet au poignet, clope au bec, en synchronisation comme un gang. un mauvais gang.

les flammes de l'enfer qui bourdonnent dans tes oreilles, les hurlements sauvages des fantômes qui se dégageait de ce coffee-shop.

- hellifornia.

plantée depuis vingt minute dans la file d'attente, tu ne peux pas t'empêcher de susurrer ce mot, ce nom, ces syllabes que tu as tant tapé de tes doigts sur ton youtube, cette unique chanson qui te fait vibrer. et puis hier, sur une affiche, t'as vu la gueule de gesaffelstein, avec écrit en toutes lettres "entrée gratuite pour les filles". ça n'a fait qu'un tour dans ta tête, te voilà armée d'un joli bracelet fluorescent et d'un tampon sur ta main. tu pénètres dans l'endroit mi-lugubre mi-merveilleux, les paillettes dans les yeux, découvrant un endroit qui t'es resté inconnu jusqu'à aujourd'hui. serrant ton petit sac vide contre toi, tu te contentes de t'asseoir, de faire comme les autres - du moins, pas comme le mec brun qui est déjà complètement déchiré à huit heure du soir, et tu laisses ton dieu te porter jusqu'aux étoiles.

tu donnes ton billet de cinq euros, tu t'en tapes pas mal de payer toi. on te tamponne le dessus de la main et on te donne un bracelet fluo que tu regardes étrangement, t'as l'impression d'être un robot parmi tant d'autres. à peine entré dans l'arène bruyante et blindée que t'as déjà la clope au bec. attends encore trente minutes et c'est pas qu'une simple cigarette que t'auras collée aux lèvres. t'es venu ici pour t'amuser, oublier ton bordel de vie et peut-être même pour te défoncer. tu regardes autour de toi, tu reconnais quelques têtes, mais t'iras pas les voir. tu préfères rester dans ton coin pour le moment.

techno tapageuse, sombre et menaçante, ultra-violente, glauque. l'atmosphère qui régnait dans le club n'en était pas moins. comme à son habitude, l'artiste entre sur scène et prend place derrière son bloc en marbre blanc, clope aux lèvres. les corps commencent à se déchaîner, et tu te fonds dans la foule en bougeant sur le rythme de la musique. t'aperçois Oswald, au loin, tu lui fais un signe.

t'es dans ton monde, inaccessible vision parallèle. tu attends dans la file, sans un mot. tu les observes, ces innombrables visages. ils dégoulinent d'exaltation. l'attente est à son comble, ils bouillent tous d'une ferveur sans nom. un élan d'ardeur, qui embrase ta vision. tu les regardes. comme toujours. personne ne te prête attention. et, au fond, tu t'y fais une raison. tu es comme un fantôme parmi des millions, impossible de te discerner dans la nuit noire. tu aimes cette sensation, baigner dans cette obscurité maître, t'abandonner à elle, soupirer dans ses sombres brumes envenimées. tu ressens si peu la caresse du tampon sur ta main droite, tes doigts qui saisissent machinalement l'un des bracelets fluo que l'on te tend, sans même prendre conscience de ton visage. tu n'es qu'une ombre parmi les autres. et d'un pas avide de l'oubli, tu te traînes jusqu'aux profondeurs de l'enfer. d'un mouvement universel, tu te fonds dans la masse, clope au bec. tu laisses ton corps mener la danse, tout simplement.

t'as pas le temps de finir ta pression que le nombre de personne a doublé. t'aperçois oslo qui te fait signe. tu lui fais signe toi aussi. mike est enfin apparu aux platines. t'as eu la chance de discuter avec lui une fois, t'étais tellement sous le charme ce jour-là. t'aimes tellement ce qu'il fait, ça te représente tellement en fait. ça doit être pour ça. tu soupires, pose ton verre vide sur le comptoir. t'aperçois des têtes familières autour de toi. y'a elies aussi, seul. t'hésites à partir le voir mais tu t'arrêtes au niveau d'oslo. à lui aussi tu lui as fait la jaquette ? t'es vraiment très très con quand on y pense. tu cherches quoi au fond ? tu le fixes de ton regard océan. puis il suffit d'une minute de perdition pour l'apercevoir, cette jeune femme (fauve) sauvage, presque volage. tu la fixes un peu pour rien, un peu pour tout.

t'es plantée dans la file d'attente seule comme une louve à regarder les visages inconnus autour de toi. pas de trace d'ulrike, ni de ton frère même si t'as essayé de les rejoindre avant de te rendre ici. t'ignores s'ils vont se pointer, tu l'espères et sinon bah tant pis. t'en profiteras toute seule. c'est pas tous les jours que t'as l'occasion de participer à de telle soirée gratuitement. même si tu ne connais pas l'artiste, t'as décidé d'en profiter pour te vider l'esprit et l'énergie de trop qui bouillonne dans ton corps. la musique a déjà commencé au moment où on te marques d'un tampon et d'un bracelet. tu te fonds dans la masse de gens sans te préoccuper des visages qui te sourient, marchant sur le rythme de la musique. t'as relevé le defi, t'as enfin pu atteindre le bar pour commander un truc à boire. les gens entrent et sortent du bar, toujours sans aucune trâce d'une moindre connaissance.

tu danses et tes sens s'évaporent, tu ne fais plus qu'un avec la musique. électrisante, hypnotique, elle s'empare de toi. oswald s'arrête près de toi. non, mais j'aimerais bien. bientôt, ça sera toi à sa place, avec un aussi grand public à tes pieds, mon pote ! tu lui fais une tape amicale dans le dos, et lui demande s'il veut un truc à boire, tu paies ta tournée. tu te diriges vers le bar, tes pas sont aussi incertains que ta vision, et sans faire attention, tu bouscules une fille. tu t'arrêtes un instant pour t'excuser, parce qu'elle est belle, avec ses longs cheveux bruns et son regard de feu.

t'avais délaissé ton cirque l'espace d'une soirée et c'était déjà bien assez pour toi, t'aimais pas le monde, t'étais pas le genre de fille méga sociable. t'avais plutôt un côté amazone sauvage qui avait tendance à ressortir quand t'étais en société alors forcément, t'étais pas la première personne qu'on allait inviter pour une soirée. tu rentrais dans l'endroit déjà bien rempli et tu faufilais parmi les corps pour rejoindre ton QG le temps d'une soirée, le bar. tu bousculais une ou deux personnes sur ton passage, ignorant royalement les visages que tu pouvais être susceptible de connaître. tu reprenais ton air de pimbêche inaccessible histoire qu'on évite de te faire chier et tu tournais les yeux vers la scène, tu devais l'avouer, la musique avait le mérite d'être pas mal.

Petits sachets en dans les poches, tu refiles tes cachets multicolores à qui en souhaite, en échange de quelques billets bien sûr, parce que dans ce bas monde rien n'est gratuit. La foule est présente, faut dire que Gesaffelstein c'est pas d'la merde, et t'es aussi là pour apprécier le son. C'est fou comme t'aimes ce genre d'ambiance, t'aimes pouvoir te fondre dans la foule. Puis ce soir t'es presque certain de te faire un max' de fric car l'endroit est remplit de minots en manque de sensations, en manque de plaisirs et tes pilules multicolores s'écoulent rapidement. Tu te traines jusqu'au bar, tu commandes trois shooters que tu t'enfiles en deux secondes puis tu restes là, à observer l'endroit. T'es presque certain que ta sœur est ici aussi. Tu repères la touffe blonde d'Alistair qui bouge au rythme du son puis tu laisses ton regard divaguer sur la foule presque en délire.

t'es persuadé d'avoir aperçu ton frère au travers les inconnus, de l'autre côté du bar. vos regards ne se croisent pas et il faut dire que tu ne cherches pas tellement à le faire. tu voudrais pas trop l'embêter et lui éclater sa petite bulle. de toute façon, c'est pas ton genre. t'es plutôt indépendant d'habitude. le serveur parvient finalement à ta hauteur pour que tu puisses commander. tu commençais à t'impatienter là, c'était le temps. tu commandes un gin tonic, en prenant bien le temps de préciser une lime avec ça. lorsque tu pars pour t'adosser contre le comptoir, un mec te bouscules et te fais légèrement perdre l'équilibre. tu le repousses doucement pour qu'il s'écarte et le détaille de haut en bas. tu le connais pas, mais il est beau. son regard si sombre, mystérieux. tu le quitte du regard un instant pour récupérer ton verre puis te laisse guider vers la musique tout simplement.

elle se retourne et te dévisage, la belle inconnue. tu plonges tes yeux dans son regard, si intense, et puis t'esquisses un sourire en coin. enfin t'essayes, parce qu'en vérité, t'es pas tellement conscient à cette heure-ci. tu repères un peu où est-ce qu'elle va se placer dans la foule, en te promettant d'aller la voir plus tard. peut-être. tu poses tes bras sur le bar et commandes les pintes. tu bois la tienne d'une traite, et tu commences à remuer la tête, doucement, les yeux fermés. tu laisses la musique t'imprégner.

les mots d'oslo te vont droit au cœur puis tu le vois s'en aller. à nouveau seul, tu t'enquilles un jägerbomb ou peut-être même deux. tu te recommandes un pression et déplace ton corps à travers les gens. elle est encore là, la belle, la sauvage (fauve). elle arrive tellement à attirée ton regard, c'est fou. tu ignores qui elle est mais t'aimerais tellement la connaitre tout entière en fait. tu reconnais le morceau pursuit et tu te mets à danser, tu lèves un bras et tout le tralala. t'es absorbé pour ces sons que tu adores.