c'est moi thijs, le grand aux bouclettes blondes qui passe son temps à rire, à dévoiler ses grandes dents blanches et à dessiner ses petites fossettes au coin des joues. c'est moi thijs, le gars qui aime sa vie, qui aime ce qu'il fait, qui aime le monde, qui aime ses potes. c'est moi thijs, le mec qui hésite pas à cogner dans un nez pour faire entendre sa voix, pour jouer le chevalier. c'est moi thijs, le mec qui déteste qu'on l'appelle autrement que par son prénom. c'est moi thijs, le mec qui a des goûts bizarres, qui n'aime pas le chocolat, est végétalien, ne mange que le matin et le soir.

your life is a fucking lie. j'suis comme les autres, moi. un mec pas méchant, un peu con, qui passe son temps dans les bras de marie, dans les bras de jeanne. dans les bras de taz aussi. enfin ça, c'était avant. c'est que j'ai bien voulu arrêter, moi. j'ai bien voulu arrêter, j'ai réussi. mais j'crois que c'est reparti. j'suis mal barré pour en rester loin, d'mes amantes. c'est pas le coffee shop qui est prêt à m'aider. j'ai pas su m'en empêcher. j'les aime trop, les salopes. c'est qu'elles m'ont manqué, ces connes. j'essaye de les tenir à distance des fois, ça marche pas toujours. souvent, c'est moi qui les rappelle. c'est amsterdam qui m'crie leur nom.

t'sais, amsterdam j'y ai débarqué quand j'avais dix-huit ans. tout frais, tout beau, j'ai débarqué dans mon nouveau chez moi, boulette dans la poche, briquet dans la main. j'ai fait ma place dans les meutes, j'ai fait ma place dans l'émeute. j'ai fait mon bout d'chemin. mes pochons se remplissaient, et j'multipliais les amantes. polygame d'illicites. y a eu klara aussi. enfin j'veux dire. y a pas eu mes amantes et puis klara, la vérité, c'est qu'y avait klara, et ensuite, y avait mes amantes. moi j'touchais à tout, elle, elle avait l'droit d'toucher à rien. c'était un bébé klara, juste une pauvre gosse un peu perchée, qui s'est retrouvée par hasard là-dedans. elle avait pas d'raison d'y rester, elle avait qu'à tout quitter. tout quitter, comme j'ai fini par le faire. elle m'a suivi, klara. on a quitté nos amantes pour mieux rester à deux. on était bien, juste elle et moi. on y était bien, jusqu'à ce que je m'en aille. j'avais pas l'choix, moi, de partir. mon père était muté ailleurs, on devait l'suivre et fermer notre gueule, c'est tout. j'serais bien resté, moi, j'avais juste pas d'fric. j'aurais pu en demander à klara, j'suis sûr qu'elle m'en aurait donné sans compter, mais j'voulais pas. j'sais pas si c'est l'amour propre ou une autre connerie masculine, mais j'ai jamais voulu lui demander. j'ai préféré me tailler à l'autre bout du pays et n'plus la revoir. j'suis resté con pendant des semaines à me coucher le soir en m'disant 'c'est qu'un rêve mon pauvre thijs, tu vas t'réveiller à amsterdam avec elle'. j'suis resté con parce que j'me réveillais pas là-bas, j'me réveillais seul. j'en ai eu marre de rester con, drôlement marre. un an, ça a été long. un an avant de me réveiller et d'me dire que j'en avais assez, que j'pouvais faire ce que j'voulais, que j'avais qu'à me barrer. un an pour amasser assez d'argent et tout plaquer. un an après pour revenir ici. tout ça dans le but de la retrouver, ma klara. j'veux juste la retrouver, la prendre dans mes bras, comme avant, comme si rien ne s'était passé. j'l'ai pas trouvée encore, parce que j'ai pas osé la chercher. faut juste que j'me réveille, que j'y arrive. faut juste espérer que j'mettrais pas un an.