seule, voilà ce que t'es à amsterdam. sans ta mère à tes côtés, tu t'sens vide, abandonné. t'as personne avec qui faire les magasins, ni avec qui decouvrir la ville. t'es seule et tu detestes ça. t'es effrayée, t'as froid, t'as envie de fumer mais t'es à sec. tu te perds complètement dans tes pensées et t'en oublie l'esixtence des autres. l'existence des endroits autour de toi. tu te laisses guider par la foule, jusqu'à suivre un mec dans un disquaire. là, t'es heureuse. là, t'ignores s'il t'as vu l'observer du coin de l'oeil. mais tu t'en fiches, t'es trop occupé à decouvrir la musique qui passes dans la boutique.

tu pourrais passer des heures dans un disquaire seulement qu'à parcourir les rayons et fouiller dans les albums. t'as jamais vraiment pu t'offrir de la musique parce que ton budget ne te l'a jamais permis. en france, t'avais l'habitude de passer des après-midi à découvrir de nouveaux artistes, dans tous les styles qui s'offraient à toi. tu restais là, assise sur un banc plus ou moins confortable avec les écouteurs collés à tes oreilles sur les stations libre-écoute. tu te faisais toujours mettre dehors, tôt ou tard sous prétexte que tu monopolisais la console. ça te mettais en rogne au début, mais tu t'y étais habitué et c'était devenu une routine d'aller faire chier le vendeur. que de souvenirs dans ta tête au moment où quelqu'un te ramène sur terre en te prenant par la main. elle se lance dans une danse avec toi, mine de rien comme si tu la connaissais depuis des années. la musique qui sort de son ipod est bonne, toutefois. tu la détailles du regard, un sourire mal-à-l'aise aux lèvres. parfois t'aimerais bien être moins sauvage, avoir de la faciliter à approcher les gens comme elle peux le faire. mais t'es pas comme ça, t'es solitaire ellie. « c'est la première fois que j'y mets les pieds, pour ça que tu m'as jamais vu ! » lui réponds-tu avant de lui rendre ses écouteurs, quittant ta petite bulle pour être le moindrement sociable. « j'suis ellie, j'débarques à amsterdam en fait ! » dis-tu en faisant l'effort de tenir une conversation, et d'au moins te présenter.

elle se présente comme étant lola. un prénom que t'adores, un prénom que t'as déjà entendu lorsque t'étais en france. lola travaillait avec toi au club, vous dansiez parfois en duo ensemble. tu te souviens des regards des clients sur vos corps presque nus, vous étiez ce qu'ils leur arrivaient de mieux. cette fille devant toi te rappelle cette lola, fait monter des souvenirs en toi que t'aimerais pouvoir refouler, oublier. mais tu ne peux pas, tu ne peux pas nier ton passé. alors tu te contentes de lui sourire en retour. un sourire forcé, mais loin d'être timide. elle a le don de te mettre à l'aise, à sa façon bien à elle. tu la regardes ranger ces trucs, en réfléchissant à ses paroles. c'est vrai que le disquaire est pas mal, mais ton préféré resteras toujours celui en france. trop de choses se sont déroulées là-bas pour être détrôné. trop de choses qui encore une fois, te font penser à ton passé. tu craches sur ces choses, tu veux pas les revoir. « t'es sérieuse là ? » dis-tu en posant ton regard tantôt sur elle qui quitte l'endroit, puis sur le joint et la cigarette dans ta paume de main. ton premier réflexe est de les déposer dans la poche de ta chemise et de regarder autour pour t'assurer que personne ne vous ait vus. et soudainement tu te souviens que t'es à amsterdam. qu'ici c'est légal de se balader avec un joint à la bouche sans avoir peur de se faire coincer. tu souris ellie, tu souris en secouant négativement la tête. t'arrives pas à réaliser que t'as posé les pieds dans ce genre d'endroit. t'aimes amsterdam, au plus profond de ton cœur. « vagabonde peut-être, mais j'suis surtout ici pour mon frère, leho. » finis-tu par pouvoir répondre après qu'elle se soit décidé à t'écouter. elle parle beaucoup lola, beaucoup plus que toi. et elle ne cesse de te surprendre, de te sortir de ta petite bulle en la traversant de plein fouet. elle te fusille de son appareil photo, alors que toi t'allumes le joint que t'as posé entre tes lèvres. tu regardes ailleurs, intimidé par le son de l'appareil qui résonne plusieurs fois et reviens à elle en entendant sa voix. tu lui rends la cigarette, la remerciant d'un sourire timide après avoir tiré longuement sur le tube roulé de drogue. « ça va t'inquiètes, mais je veux voir ce que ça donne par contre ! » demandes-tu en te plaçant côte à côte avec elle, curieuse de voir ce qu'elle ne devait absolument pas manquer.