(libre) a sky full of stars

t'avais passé ta journée à dessiner, là, sur ce toit. t'observais la vie qui se déroulait à tes pieds, mais aussi au dessus de ta tête. le soleil qui venait percer les nuages, et maintenant, la nuit remplie d'étoiles. l'encre noire venait se déposer sur le papier, doucement elle coulait, telle une rivière au milieu d'une forêt. de l'art abstrait, des ébauches de rien du tout, et des dessins griffonnés dans un coin de feuille. des futurs tatouages, des futures marques éternelles. épuisé, tu portes une cigarettes à tes lèvres et l'allumes, la laissant te consumer petit à petit. la nicotine est plus rapide que toi, un jour, elle te rattrapera. alors tu t'allonges, les yeux rivés sur le ciel, et tu regardes cet infini en te demandant ce qu'il y a là-bas, plus loin, dans les contrées imaginaires. tu pensais être seul, puis t'entendis des pas se diriger vers toi.

il savait pas vraiment comment il était arrivé là, guidé par ses pas, incertains, muets et qui aveuglaient. il avait dealé, un peu, ici et là ; vendu du rêve sous toute forme, puis s'était retrouvé dans un immeuble insalubre, crade, même, qui suintait la peur, le sexe, et les leurres. il avait bien croisé quelques prunelles aguicheuses, courbes parfaitement dessinées qui n'avaient de cesse de l'interpeller, pour autant, elies ne s'était pas arrêté. pas aujourd'hui. pas maintenant. il avait pas envie, de s'faire une pute, ça faisait longtemps qu'il n'en avait plus envie, parce qu'elles puaient le faux et la peur. alors il était monté. sur les toits du monde, jusqu'au toit tout court, parce qu'il voulait être seul, un peu, se retrouver avec ses fantômes oubliés. un spliff, un peu d'insouciance, et y'avait le vent qui se glissait sur sa peau, froid, qui lui foutait des frissons tandis qu'il aspirait lentement ses rêves illusoires. puis, ombre, silhouette qui l'interpella, comme indéfinie, inconnue ; sans réellement savoir pourquoi, kane au lieu de fuir s'approcha, s'assit aux côtés du mec, sans parler, ni même le regarder - il avait jamais su parler.

tu te lèves légèrement, mais dans l'obscurité, t’arrive pas tellement à savoir s'il s'agit de quelqu'un que tu connais ou non. alors le corps se rapproche, dévoilant peu à peu son visage sous la lumière de la lune, haut dans le ciel. tu ne le connais pas, même si t'as surement du le croiser dans une de ces soirées, pourtant il a l'air d'avoir quasiment le même âge que toi. alors il s'assit à tes côtés, sans un mot, et ça t'intrigue. ça t'intrigue ce silence, tu décides de le crever, le percer de tes flèches. des flèches qui sont des mots maladroits, incertains. on se connaît ?

ça voulait rien dire, tout ça - elies avait jamais voulu rien dire, en fait. un putain de paradoxe à lui tout seul. parce qu'il savait pas comment s'y prendre, avec les gens, qu'il avait jamais su comment s'y prendre, avec la vie non. il se contentait de laisser les autres faire, de regarder le monde tourner en traînant la patte, en galérant pour le suivre, de regarder le temps changer sans l'attendre. il savait pas vraiment c'qu'il cherchait, là ; peut-être que ce mec, finalement, il l'intriguait, avec sa gueule cassée, à la façade rêche, au visage taillé au couteau ; y'avait encore ces plaies, qu'il pensait pouvoir lire sans même l'avoir regardé. peut-être qu'il se trompait. il s'en foutait. il voulait juste fumer. mais ça voulait rien dire, tout ça, son silence non plus il voulait rien dire. pas méchant, pas gentil. anesthésié. ailleurs. c'était elies. jamais vraiment là, jamais là-bas non plus. à mi-chemin entre la volonté d'garder les pieds sur terre, et celle de s'en aller. alors quand finalement il entendit des mots, là, près de son oreille gauche, il tourna la tête, regarda son compagnon nocturne quelques instants, esquissa un léger sourire mesquin. non, j'crois pas. et c'était tout. pas de cérémonie quelconque ; il continuait juste de faire rougir la cendre de son joint, frénésie, presque, tournant de nouveau le visage vers la rue. puis il attendit un peu. laissa un léger rictus s'échapper d'entre ses lèvres, maladroit, avant qu'il ne tende le spliff vers l'enfant de nuit, sans rien dire au départ, reprenant simplement. j'aimerais bien savoir dessiner. parce qu'il l'avait vu, le carnet, là, les crayons, il l'avait imaginée la fresque d'une vie qui lui était encore inconnue, et il trouvait ça beaucoup trop beau pour lui.

tu tires sur ta clope encore et encore, et la fumée danse au dessus de toi, épaisse et irrégulière, elle s'envole. tu regardes autour de toi, cet infini à portée de main, et tu t'imagines ailleurs. une autre vie, un autre passé, un autre destin. et tu regardes ce garçon. non, tu ne le connais pas. son visage est mystérieux et rempli d'histoires, son regard semble perdu loin : comme le tien. tu le voyais fixer ton carnet de dessin et ces traces noires sur le papier. et ses mots te firent sourire, doucement, comme le sourire innocent d'un enfant après une bêtise. il n'y a pas besoin de savoir dessiner. juste, écouter ton cœur, c'est lui qui guide tes gestes, c'est lui qui guide tes doigts. c'est lui le maître de la création. et c'est con c'que tu viens de dire, mais c'est vrai. tu lui tends ton carnet et lui montre ton dernier dessin, un oiseau tout noir avec de grandes ailes. tu vois, ça, c'est moi. l'orphelin qui doit voler de ses propres ailes. c'est mon histoire. à toi, raconte-moi ton histoire. t'as conscience que tu ne connais pas ce type, mais tant pis. il est minuit passés, et de toute évidence, vous êtes tous les deux des enfants de la nuit, des écorchés vifs. tu le savais, lui, il était comme toi.

brise nocturne qui se glissait sur ses côtes, au travers du tissu trop fin d'un t-shirt usé. il frissonnait encore, elies, et c'était beau ces imperfections qui parcouraient ses avant-bras de manière régulière, incontrôlable, tandis que lui tirait sur son joint à outrance. y'avait les lumières de la rue qui illuminaient quelques putes sans morale, sans amour-propre, qui se déhanchaient, ombres enchanteresses dans les bas-fonds d'amsterdam. il les regardait, de là où il était, sans savoir si dorénavant il en était dégoûté ou attiré. mais c'était pas ça, qui retenait le plus son attention. il écoutait sans rien dire, réagissant plus tard, trop tard peut-être - le temps, c'était pas vraiment son truc. il passait trop vite, ce connard, il attendait personne. alors quand il entendait quelques mots - qu'il attendait avec une impatience dissimulée - kane souriait, infime, parce qu'ils étaient beaux et qu'il le savait. parce que c'étaient que des âmes brisées. ça s'sentait, dans la voix, ça se lisait, sur le visage en dépit des ombres ; la peine et les douleurs brillaient bien plus fort la nuit. alors encore un sourire, et lui, il tourna finalement le visage vers l'autre, le découvrant finalement réellement en répondant d'une voix à peine audible. je l'entends pas bien, mon coeur, de là où j'suis. sombre héros d'une histoire muette. son regard suivit le chemin suggéré, s'échoua sur le carnet. c'était beau. il était doué, ça se voyait - et ça voulait dire quelque chose, tout ça, ça prenait enfin un sens. et quand ses mots vinrent le percuter, enfin, qu'il les comprit, elies secoua la tête de gauche à droite, le regard légèrement fuyant - parce que ça faisait mal, d'appuyer là, des bleus au coeur. j'ai pas vraiment d'histoire, j'suis pas vraiment quelqu'un, tu sais. j'en ai laissé un peu partout sur mon passage. triste. vrai. il sortit un autre joint de sa poche, l'alluma, tira de nouveau dessus - machinal. ça guérissait les bleus au coeur, ça. ou tout du moins ça les anesthésiait. t'es doué. qu'il rajouta, trop tard, vraiment trop tard cette fois.

et dans tes veines tu ressens encore l'ivresse d'hier soir. ton corps entier est rongé par l'alcool, et t'as ce goût amer dans la bouche, qui persiste à rester. tu jettes un coup d’œil en bas, et dans ces ruelles trop sombres, tu peux voir ces âmes qui se sont trop déchirées, trop écorchées. la lumière des lampadaires éclaire le peu qu'il reste d'humanité encore en vie. et toi t'es là, tu redessines le monde de tes doigts frêles. l'étrange inconnu est toujours à tes côtés, et sa présence te rassure. parce que tu n'es pas tout seul, tu n'es pas tout seul à errer dans ces nuits fiévreuses. je te crois pas. tu peux pas dire ça. on est tous quelqu'un, on a tous une histoire. comment tu peux dire ça alors que toi même t'y crois pas vraiment ? t'es qu'un orphelin, tu sais même pas qui t'a emmené dans ce monde trop grand pour tes rêves d'enfant. alors t'éteins ta cigarette, et sans demander, tu lui prends son bras, à l'étranger, et tu dessines. un semblant d'histoire, une âme brisée, ce qui pourrait être son histoire. on dit souvent que les artistes savent lire à l'intérieur d'un coeur.

il se sentait bien. sans vraiment savoir comment, pourquoi ; sans vraiment en avoir quelque chose à faire, finalement. il puait la drogue, l'alcool, il puait la mort, et il en avait rien à faire, oui. c'était sa vie, ça, puer, puer la peur et l'oubli, puer la crainte, puer le déni. ça se lisait sur son visage même quand il était sobre, ça se voyait. il voulait pas savoir, saurait jamais. il était de ceux qui fermaient les yeux devant l'horreur pour pas avoir à justifier leur impassibilité, de ceux à préférer crever aveugle que d'avoir à se battre pour rendre le monde un peu mieux, un peu autrement ; il était des putains d'égoïstes qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez simplement parce qu'ils ne savaient pas comment s'y prendre. un peu gauches, beaucoup maladroits. c'était pas un enfant du monde, plutôt un de la terre, et du vent ; de ce qui se mouvait dans un silence royal. c'est pour ça qu'il faisait que le regarder, toujours, de temps à autre - et puis, il pouvait s'empêcher de se dire, qu'il était beau, ce gars là. et elies s'humecta les lèvres. tira de nouveau. osa enfin soutenir son regard, encore un peu, tandis qu'il parlait, et que lui savait pas quoi répondre - les mots, décidément, c'était vraiment pas son truc. mais il s'y forçait, quand même, ses lèvres tremblantes, presque. même si j'en avais, ça changerait rien à aujourd'hui. et il sourit, comme un gamin, un peu, un putain de gamin désespéré, tirant encore sur le joint. et sans rien dire, il le laissa dessiner, le laissa faire, le tracé du crayon lui foutant quelques frissons, observant ses lignes. c'était beau, c'était lui, bizarre ; il lisait un peu comme dans un livre ouvert, et de nouveau il sourit, légèrement, plus gêné, comme si lui lisait en lui plus qu'elies ne voulait lui montrer. comment tu fais ça ? comment tu lis, comment tu vois, comment tu comprends, dis-moi ?

le bruit dans les rues se fait de plus en plus fort au fur et à mesure que la nuit s'installe. des bruits de verres cassées, d'âmes brisées et de corps déchirés, se mêlant au son de la musique émanant des clubs. l'air lui, est de plus en plus frais, tu le sais car d'ici, tu peux voir les feuilles dans les arbres bouger doucement au gré du vent. mais toi t'as pas froid, parce que l'alcool qui coule dans tes veines te donne chaud, il te réchauffe, comme le feu qui monte, monte, jusqu'à tout brûler. et vous étiez deux sur ce toit du monde, à dominer la ville de vos yeux fatigués, brouillés. tu continuais à dessiner sur le bras de l'inconnu, de ton encre noire comme le jais, et lui il comprenait pas comment tu faisais ça. t'hésites, tu sais pas trop comment expliquer, tu trouves pas les mots. ça fait longtemps que je fais ça. avec des gens tous aussi différents les uns que les autres, avec des passés différents, des histoires différentes, et je... tu marques une pause, tu laisses ta main se guider elle-même sur sa peau. ... les yeux. c'est ça. les yeux, ils te disent tout. ils sont un miroir. il va te prendre pour un fou, t'en es persuadé.

il écoutait même plus les bruits de la rue, qui s'amplifiaient sous les néons faiblards ; il les entendait plus, ni le désarroi, ni la peur. y'avait que le tracé du crayon, y'avait que ça, et le soupir régulier des fumées s'évaporant dans la nuit. il le lâchait plus des yeux, son bras, il suivait avec application le sillon noir goudron qui marquait son bras d'un passé sur lequel il fermait les yeux, d'ordinaire. pourtant, maintenant il était plus beau, plus beau au travers des yeux d'un autre, plus beau la nuit, plus beau quand c'était pas lui qui s'en souvenait. il avait rien dit. il disait toujours rien, il se taisait, lui donnait pas d'indice - il se débrouillait déjà assez bien seul, avec son cerveau déglingué, ses rêves muets, et sa compassion au bord des lèvres. alors, il dit rien, quand au début l'autre reprit la parole, il continua simplement de le regarder faire, frissonnant et n'osant plus bouger. comme un pantin, un peu, ou une toile - lui décidait de ce qu'il souhaitait faire d'elies, à présent. seulement, lorsqu'il acheva ses derniers mots, lui redressa le regard vers son visage, fronça légèrement les sourcils, toujours souriant, comme un gamin, pourtant. et ça veut dire quoi, tout ça ? qu'il répondit, comme un enfant, oui, en pointant du doigt les tracés, les repassant en prenant garde de ne pas les abîmer. c'est beau, mais elies il voulait savoir ce que ça signifiait pour l'autre orphelin, il voulait savoir si lui, il avait vraiment compris.

tu marques une pause pour glisser une cigarette entre tes lèvres, que t'allumes immédiatement, laissant s'échapper une fumée épaisse de ta bouche. tu fouilles dans ton vieux sac, à la recherche de ta précieuse liqueur, t'avale une gorgée de rhum comme un pirate, un pirate noyé au fin fond de mers inconnues. ça brûle au fond de ta gorge, et t'aimes ça. tu tends la bouteille à l'étranger, avant de reprendre ton dessin. il est sage, ton étranger, il rêve, docile. et de temps en temps il sourit, te pose des questions. ça... c'est un cœur. brisé. un cœur d'enfant. c'est...abstrait. t'as conscience que ça y ressemble pas forcément, mais t'adores les métaphores. tu soulèves ton t-shirt, jusqu'à y voir tes côtes, et tu pointes l'un de tes tatouages du doigt. tu vois, celui-ci. c'est le même.

il savait pas vraiment pourquoi, mais il trouvait ça beau. parce que, y'avait ses muscles saillants, qui là, apaisés, se taisaient sous la simplicité d'un échange trop peu commun. ils se taisaient, là, et sous son crayon, y'avait toute la violence et toute la peine qui s'en allait, simplement parce qu'elle se retrouvait un peu partagée, canalisée dans l'regard de l'artiste. ça le questionnait, mais il avait même pas la force d'y penser, il regardait juste tout ça se construire sous son regard de gamin émerveillé, quoique conservant cette dureté qui lui était propre - il voulait pas tout dévoiler, non plus, ç'aurait pas été intéressant sinon. quand ses mots lui parvinrent, elies, il resta bouche bée, comme un enfant. y'avait cette impression étrange d'en apprendre sur lui même. alors il s'humecta les lèvres, jeta la fin d'son joint, acceptant finalement quelques gorgées qui lui déchirèrent la gorge, qui le réchauffèrent un peu. et puis, il suivit ses gestes, ses mots, et observa le dessin encré sur sa peau lorsqu'il souleva son t-shirt. machinalement, elies, avec son innocence oubliée, et puis, munie d'cette sensation d'être compris, glissa son index sur ses côtes, sans rien dire, parcourant les traits du tatouages probablement pour mieux les interpréter, les comprendre. il le prendrait pour un fou. tant pis. il ajouta rien. il avait rien à dire de plus, finalement - ça valait tellement mieux que des mots.

une aiguille qui glisse sous la peau, dessinant de son encre noire une marque éternelle. tu t'en rappelles comme si c'était hier, ton premier tatouage, première histoire à raconter, et maintenant, tous ces trucs, ils font partie de toi. le graal sur ton propre corps. et lui, l'étranger, il avait compris, il passait délicatement ses doigts sur tes côtes, sur les traits délicats du dessin, suivant les contours du tracé. il avait compris ce que ça signifiait. tu souriais doucement, un sourire presque imperceptible dans cette obscurité, mais un sourire bien réel. tu remets ton t-shirt en place, et tu lèves les yeux vers le ciel. un ciel plein d'étoiles.

y'avait pas grand monde, qui parvenait comme ça à lui parler. c'était les privilégiés, les proches, les acharnés, les téméraires, ou ceux qui le poussaient suffisamment à bout, assez pour qu'il craque, qu'il pète un plomb, les phalanges blanchies, à coeur ouvert. y'avait pas grand monde qui prenait les clefs, comme ça, d'une vie hachée cachée dans la boîte muette de sa cage thoracique, dans la boîte, désordonnée, crânienne. impénétrable. il se l'était toujours dit, s'en était vanté, presque, mais ça voulait rien dire quand l'autre arrivait avec son histoire dans ses mains, qu'il t'la donnait, et qu'il te regardait en te faisant comprendre que t'étais son égal. que t'avais rien de moins que lui. alors, elies, il s'allongea, fixa les étoiles, lui aussi, observant les astres semblables à ces vies entremêlaient qui brillaient sans pourtant jamais réellement se rejoindre. et il retrouva la parole. comme des maux apaisés, des blessures pansées. enfant de la route, qu'ils disent, parce que personne sait vraiment d'où je viens. d'ici, et d'ailleurs, un peu partout. et puis, solitaire, aussi. parce qu'il y a jamais personne qui m'accompagne vraiment.

il s'ouvre à toi, comme un livre dont on tournerait les pages une à une, et tu bois ses mots, ses paroles, elles sont dures et pleines de sens. il déverse ce qu'il a sur le cœur comme une bombe, à une telle vitesse, qu'on dirait qu'il va exploser. tu te sens privilégié parce que tu sais que tu dois être l'un des seuls à qui il se confie. et tu te retrouves en lui, l'étranger nocturne. vous êtes faits des mêmes histoires. nous sommes les orphelins du monde, les orphelins de rien. et cette route, c'est la nôtre. tu reprends une gorgée de ta liqueur, et t'as tellement chaud que la brûlure au fond de la gorge ne fait plus effet. anesthésié. t'aimerais rester là éternellement, sur ce toit, maître de la nuit, mais le temps file. tu te tourne vers l'inconnu. au fait, moi c'est Oslo.

il était simple, elies, quand les gens trouvaient comment, comment accéder à celui qu'il était vraiment. il aimait bien ça, la douceur, un peu, et prendre son temps, comme si y'avait rien qui comptait, rien, si ce n'était les histoires qu'on se racontait un peu à la lueur des cendres de cigarettes, de celles qu'on pouvait inventer - mais il s'agissait pas de ça, ici. il s'agissait pas de chanter comme les oiseaux, à tout va, bec levé, il s'agissait pas de faire ça comme ça - ça voulait rien dire, mais ça avait quand même un sens, caché, ailleurs, qu'on soupçonnait que difficilement. alors, il le regardait, un peu, esquissant un sourire lorsqu'il lui répondit, se démontant pas, face à ces mots durs. ça fait bien longtemps que la route est plus à moi. elle est trop sinueuse, j'la suis plus, et elle m'attend pas. parce qu'il aurait pu repartir, après tout cela, il aurait pu ne jamais s'arrêter ici, ou un temps, seulement, mais il l'avait pas fait. sans vraiment savoir pourquoi, sans vraiment savoir comment - y'avait pas réellement de raisons, finalement. et puis, quand son prénom lui parvint, un sourire naquit, parce qu'il se répéta dans ses souvenirs, parce qu'oswald lui en avait déjà parlé, de c'gars là, ou d'un qui s'appelait pareil. mais lui, il croyait pas aux coïncidences. alors il s'contenta de sourire, répondant, sans autre forme de cérémonie. elies.

HALLELUJAH, I'M SAVED

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