nom, prénom : kasia, c'est polonais et féminin mais ça lui va plutôt bien. on dirait un peu le nom de l'une de ces pierres précieuses qu'il taille chaque jour. kasia van de putte, donc. on ne formulera pas de commentaire obscène là dessus.
âge : vingt ans, déjà.
date, lieu de naissance : né ici.
études, métier : il bosse dans une bijouterie, embellit les plus belles femmes de la ville et poursuit ses études, une semaine sur deux. c'est encore un écolier, perdu au milieu d'adolescents de quinze ans.
statut : kasia change souvent de couleur de cheveux mais jamais d'amoureux. il a le même depuis ses seize ans. leur couple tient plus à grand chose. c'est ce qu'on appelle la fin mais ils restent ensemble, quand même, comme des idiots. si parfaits en apparence et pourtant si désordonnés à l'abris des regards.
kasia entend son coeur.
il ferme les yeux et il l'entend encore plus fort. ça l'empêche de dormir alors, il met ses mains sur ses oreilles mais c'est mille fois pire. ça l'énerve et il tourne dans ses draps. droite, gauche, droite, gauche. un verre d'eau, pour essayer de le noyer mais c'est pas suffisant.
alors ?
kasia se lève et enfile des vêtements trop collants. il s'en va, au milieu de la nuit, au plus profond des vices.
sans un mot, sans un geste, sans un rien.
kasia entend toujours son coeur sous cette nuit lugubre. fin, c'est pas des battements normaux. pas un truc qui donne envie de sourire, c'est bien plus horrible de ça. on dirait des morceaux de verre qui se baladent dans une boîte.
son coeur ressemble plus à rien.
c'est à cause de jan. du moins, c'est ce qu'il dit. les soirs de défonce, il en dit un peu plus sur lui et raconte : c'est de la faute de jan et john. puis il boit un autre verre d'alcool bien fort. kasia fait toujours la même grimace à chaque gorgée. un peu comme si le monde s'arrêtait de tourner, un instant.
il rit et danse. se met à chialer, parfois, entre deux pas.
kasia, il meurt à chaque note de musique pour oublier les battements de son coeur malade. il danse et enfile son masque appelé 'parfait-bonheur'.
l'illusion est magnifique.
personne s'en rend compte, même pas jan.
ce connard.un jour, kasia partira en inde et tout le monde s'en rendra compte, cette fois.
sauf jan, encore une fois.
connard. connard. connard.
il l'aime et ça le fait chier.
connard, je t'aime.kasia, il aimerait envoyer tous ses amis lui casser la gueule mais il ose pas. il veut pas, lui faire du mal, à son idiot de jan, à moitié mort sur le canapé. il fait des efforts, nuit et jour. il arrête pas, ça l'épuise. sa vie se résume qu'à ça : jouer pour lui faire plaisir, sourire pour lui faire plaisir, plus baiser pour lui faire plaisir, crier pour lui faire plaisir. parfois, kasia a envie d'aimer quelqu'un d'autre, en cachette, comme dans les films mais il y arrive pas.
il culpabilise, à l'idée de faire du mal à son amoureux.
alors que son amoureux, lui, il hésite pas, à lui broyer le coeur.
ça l'énerve.
il mérite mieux qu'une vie aussi merdique.
we'll stay gold forever. il est pas le plus à plaindre, kasia, et ça, il le sait. il le saura toujours, même. c'est pour ça qu'il est toujours là pour les autres et surtout pour jan. c'est pour ça que son coeur est beaucoup trop grand. tout le monde y entre, tout le monde y sort,un véritable moulin. et puis si ça va vraiment pas, maman et papa seront là pour réconforter leur fiston.