y'avait quelques souvenirs, quelques rires à la lueur de lampes faiblardes qui attiraient les mouches et les moustiques, qui suçaient le sang, l'aspiraient, quelques sons, crépitement de feu, parfois, vent qui s'glissait contre les murs. elies n'avait pas de maison. il n'en avait jamais eu. alors il était venu là, et ça lui avait rappelé, qu'un jour, il en avait presque trouvé une, de maison. auprès de quelques âmes brisées qui s'entrechoquaient violemment, et pourtant sans un bruit, silencieuses tant elles se complétaient de manière parfaite, déconcertante. et puis, ça lui rappelait tout ça, d'être là, et puis, ça lui rappelait elle, aussi. il se rappelait, de loin, un peu ses cheveux ébènes, et puis un peu ses lèvres pleines, aussi : collines vallonnées sur lesquelles le soleil s'échouait, parfois. c'était tout ce dont il se souvenait. ça faisait longtemps. quelques hivers sans vie. quelques détours, aussi. et puis, ça sentait le passé, cet endroit, ça se voyait que c'était à elle - il l'avait connue assez pour ça, quand même. clope au bec. il savait pas vraiment c'qu'il attendait, et quand finalement, une silhouette se dessina, lui, il tira sur sa clope, esquissa un sourire mesquin, en la voyant, se retrouvant un peu, regagnant cette insouciance qui une fois avait été sienne. tu crois aux fantômes dylan ? et puis, il souriait ouais, putain, il souriait, parce que ça lui faisait tellement plaisir de la revoir, juste une fois, comme ça. parce qu'elle, elle était synonyme d'un temps, ailleurs, où lui, il avait été heureux.

il faisait un peu frais, juste assez, et la brise s'était levée quand elle était arrivée. il l'avait vue, sa silhouette se dessiner, aussi gracile qu'il l'avait connue - sulfureuse, aussi. et un sourire se glissa sur son visage tandis qu'il la regardait, là, s'approcher. elle avait pas vraiment changé, sûrement mûri, il le voyait, rien que dans ces formes qu'il apercevait de là où il était, probablement changée par un peu d'imaginaire, assez de drogue. puis, ça piquait un peu, à l'intérieur, de la revoir - ça blessait, légèrement, ça serrait le coeur entre ses doigts, qui avaient parcouru sa peau un jour. ça lui mit des frissons, tout ça, la peau mordue par les souvenirs, un peu, parce qu'il éprouvait toujours cette étonnante tendresse envers elle, qu'il avait toujours eue, finalement, au fond de son être, un peu. et quand il entendit sa voix, ses mots acerbes ne l'atteignirent pas ; parce qu'il se rappela, un instant, de c'qu'elle lui disait autrefois. et le maintenant avait si peu de valeur par rapport à ce qu'ils avaient avant. alors elies se contenta de laisser un léger rire s'échapper de ses lèvres, secouant la tête, se moquant presque d'elle. j'serais resté si l'pyromane m'avait pas viré pour tes beaux yeux. toujours énamourée de sa belle gueule ? il la cherchait, il l'avait toujours fait, et il adorait ça - y'avait qu'avec elle, finalement, qu'il pouvait se retrouver un peu, regagner cette chaleur qu'il avait abandonné des années auparavant dans les rues froides d'amsterdam.